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Exposition d'art contemporain Du 5 au 30 mai 2021 Palazzo dei Rolli Saluzzo 7/2, 16123 GENOVA




10 mai 2021
Par Maria Marchese

"QUAI DE LA SEINE" de NATALIA JACQUOUNAIN

"Le vase donne forme au vide, musique au silence"

(G. Braques)

"Quai de la Seine" est la forme que Natalia Jacquounain, une artiste russe, a exprimée pour donner de la plénitude au vide, mentionné par Braques.

Dans l'œuvre, l'auteur recueille également le sens de la musique, " pour que la même forme annihile le silence ".
Le syntagme "vide/forme/musique" évolue ensuite en "apparence" : les concepts deviennent en fait de plus en plus complexes. En fait, les concepts sont donc divisés pour apparaître devant nous comme une expression architecturale.

Le terme architecte provient du grec ἀρχιτέκτων et se compose du terme ἀρχή (relié à ἀρχειν - árchein- commencer, commander, qui exprime en grec ancien le sens d'entreprise, de départ, d'origine, de fondation ou d'orientation) et du terme τέκτων (inventer, créer, façonner). Aristote distingue au moins six sens du terme, attribuables aux deux sens principaux de ἀρχή, c'est-à-dire premier en importance ou premier dans l'ordre du temps. Lorsque la primauté de la valeur et la primauté temporelle coïncident, ἀρχή exprime la divinité : Dieu en tant que valeur la plus élevée et cause première de toutes choses.
Selon Hérodote, l'architecte est celui qui fournit la norme pour la construction de toute chose.
Natalia Jacquounain construit ce quelque chose, entendu comme une identité qui détient une part ineffable : "Quai de la Seine" préserve, en effet, la sonorité intime dégagée par le déferlement des vagues du fleuve français sur la rive.

L'esthète diffuse cette condition odorante et musicale dans la délicatesse de la céramique, qui mute en aedo sculptural pour déclamer le chant poétique.
L'auteur manifeste, en la concrétisant dans l'acte sculptural, l'essence de l'architecture de l'eau : à partir de la condition naturelle exprimée par l'étreinte des vagues ondulantes de la Seine avec le quai, l'auteur façonne la genèse du verbe musical.

La composition met en évidence un seuil qui représente l'échelle musicale et aussi les hauts et les bas existentiels ; elle introduit une pénétration où l'artiste sanctifie un mélisme terrestre.
Elle confie aux lignes d'un pentagramme imaginatif des notes sphériques, qui sont habillées d'une importante connotation symbolique.  

Borges a déposé dans l'Aleph la signification de l'univers inconcevable, jamais embrassé par aucun homme.
(...) J'ai fermé les yeux et les ai rouverts. Puis j'ai vu l'aleph...
Dans la nouvelle "Le dernier pont Einstein-Rosen" de Rudy Rucker, un enfant trouve une sphère brillante dans un champ d'asperges : c'est un "pont Einstein-Rosen" (c'est-à-dire un objet, théorisé par Einstein dans un article écrit en collaboration avec Nathan Rosen en 1935, qui exprime la possibilité de "tunnels" de communication entre deux univers différents). Pour l'enfant, c'est comme si un univers entier aux dimensions infinies était contenu dans cette boule aux dimensions finies.
Cette idée de la présence d'un monde infini dans un espace fini est également exprimée par M.C. Escher dans plus d'une de ses œuvres.

Giulio Carlo Argan s'exprime sur Lucio Fontana comme suit :
"Un tableau est toujours une surface colorée, sa forme idéale est le plan ; une sculpture est toujours un volume plastique, sa forme idéale est la sphère.
En tant que sculpteur, Fontana détruit la sculpture : il modèle de grandes sphères et les brise. C'est un geste : mais le geste qui brise la sphère met l'espace extérieur en communication avec l'intérieur. "

Une pensée complice se retrouve dans les sculptures d'A. Pomodoro.....

Et comment mieux conclure sur l'"exploration" de la sphère qu'avec la peinture surréaliste et mystérieuse de René Magritte : le mystère qui, comme l'a souligné Magritte lui-même, est un outil permettant de détruire les habitudes visuelles et la logique des clichés !"

Les notes moulées par Natalia Jacquounain vibrent sur des accords expérientiels suprasensibles et libèrent une éloquence qui nous parle de mouvements ascendants et transversaux, d'évolution compétente vers un devenir unique et aussi vers des destinations inconnues. Ils flottent animés par les mouvements de la passion et le désir d'aller vers le lendemain, primant par les teintes rouges et bleues, avec lesquelles l'artiste distingue les noyaux.
Ils gardent aussi un passé charmant et nostalgique, que je veux exprimer avec les vers de Gerhard Kofler :
"De la Seine Ungaretti me fait renaître en tant que jeune poète.
mais Celan renouvelle pour moi le geste de l'eau dans la fuite de la mort
les portes ouvertes les portes fermées
dans les chambres de la rivière
J'écoute les rythmes
Proust entre par la fenêtre
de tous les livres ouverts que je vis, je me cherche moi-même".
Ceci réserve l'artiste particulier au contexte du collectif genevois "ΓΕΦΥΡΑ:ENTRE LE PASSÉ ET LE PRÉSENT". :